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DIRE STRAITS - On every street (1991)

  • Photo du rédacteur: Tonton Touane
    Tonton Touane
  • 1 avr. 2021
  • 4 min de lecture


Bon, finalement, c'est quoi, le style de Dire Straits? C'est la question que je me pose en écoutant On Every Street, nonchalamment installé au volant de la voiture familiale filant à travers le Massif Central, tapotant du bout des doigts des rythmiques qui sont intégrées dans mon corps, digérées par mon organisme depuis une trentaine d'années. J'ai en mémoire une vague vexation en repensant au sketch de (l'excellent) Thomas VDB qui se moquait des personnes qui écoutaient la bande à Mark Knopfler, mais aussi Jean-Louis Aubert ou Toto, et les mettait dans une boîte en leur proposant d'aller s'acheter des mocassins. Et mon ego de souffrir ce jour-là, d'entendre que l'un des groupes qui ont bandoriginalisé notre jeunesse, à mon frangin et moi, était considéré comme de la soupe commerciale. Bon, en même temps, le mec VDB est un grand fan de Queen. D'un point de vue stadium, on est pas si éloignés, comme quoi, les étiquettes...

Enfin bon, les années 80 ont été une sacrée période de prostitution artistique, on est d'accord. Mais ça ne doit rien enlever au talent d'écriture et de composition du frontman à bandeau de Dire Straits. Et c'est encore une fois par le biais du «Club» de vente par correspondance (si si, toi même tu sais) que le cd nommé On Every Street arriva sur notre platine un jeudi matin pour nous inoculer une dose massive de «rock quoi».



Alors, en effet, le style est un peu vague, à l'écoute de tout l'album, on passe de la country-rock de Calling Elvis (et son méga clip basé sur la série de marionnettes Thunderbirds) à la ballade Ticket to heaven, en passant par ce pur moment d'Americana qu'est When it comes to you! et même au rock de stades avec Heavy Fuel (qui suit Money for nothing de très près). N'oublions pas que le groupe a su pousser les murs des salles de spectacles pour se produire dans des endroits gigantesques.



Cet album, le dernier enregistré sous le nom de Dire Straits, avant la prolifique carrière solo de Knopfler, fait suite au très populaire Brothers in Arms, six années après celui-ci. On se demande d'ailleurs pourquoi une attente aussi longue. Il se trouve que le gars Mark avait signé un contrat de 5 galettes avec la maison de disques Vertigo et rien ne l'obligeait à repartir sur le chemin du studio. Mais, la musique l'emportant sur tout, Mark appela le bassiste historique John Illsay pour un déjeuner et lui proposa de nouvelles chansons. Bien sûr, il faudra engager de nouveaux musiciens, dont Jeff Porcaro de Toto (tiens tiens, comme on se retrouve, amateurs de rock quoi!) et Manu Katché à la batterie.

À noter également, la présence de sir Georges Martin. Pas l'auteur du Trône de Fer, non, l'autre. Le cinquième putain de Beatle qui vient écrire et diriger la section de cordes de Ticket to Heaven. Paye ton guest, ma gueule!

Le résultat est là, douze titres pour un total de plus d'une heure de mélancolie, humour grinçant et solos de gratte mémorables... y compris ceux exécutés à la pedal steel guitar de Paul Franklin qui répond de façon harmonieuse à celle du patron aux doigts d'or. Je pense notamment à You and your friends. Va écouter ça, en faisant ta balade de dix kilomètres, ça te changera les idées. (Cette vanne sera datée dans peu de temps, je l'espère de tout mon cœur...)



J'ai lu ici ou là que la longueur des morceaux nuisaient à la «digestion» de l'album, comme si on pouvait reprocher à un groupe ce genre de trucs. «Y a trop de notes», «C'est pas le format FM», «On s'ennuie». Une réponse simple à ce commentaire: il y a juste ce qu'il faut. Si tu veux un truc qui te convient, fais ton propre truc. C'est ce que font les punks. Ça évite de se perdre en critiques stériles. On a assez reproché à ce genre de groupe d'être trop commercial, ça serait dommage de donner raison aux détracteurs en pondant des standards de 2min30 pub comprise. Donc Merci Dire Straits de proposer de la musique et pas des singles à la chaîne. Merde, est-ce qu'on demande aux Doors de faire plus court ? Qui peut aller dire à John Bonham de pas trop s'emballer dans ses solos de batterie?


D'ailleurs, le public ne s'y trompe pas, puisque le cd s'est vendu à 2 millions d'exemplaires rien qu'en France, ce qui est l'un des plus gros scores tous pays confondus. Je sais bien que Lagaf' a fait mieux, en terme de ventes, mais il avait des blagues racistes dans son disque, et ça, ça défonce tout dans notre pays, tu peux pas test.

Avec tout ça, je perds ma question du début, à savoir quel style pratique le groupe Dire Straits.

Les Anglais savent se fondre dans le décor et l'on peut retrouver leur son dans un festival country, un colloque d'orthodontistes jazzeux, comme dans une boum d'ados où l'on démontre ses talents d'air guitariste. Je ne compte pas les heures passées à imiter le flamboyant Mark, bandana soudé au front, pour tenter de percer le mystère du «finger-picking» devant le miroir de la salle de bains.

Dire Straits, c'est au départ un groupe de pub rock, mais les musiques folkloriques l'ont tellement influencé qu'il est devenu un style à lui seul. Au diable les cases, vive le rock libre! (je me de Gaullifie, moi...)

Le nom-même du groupe renvoie à une situation critique face à laquelle se retrouve une entreprise ou une équipe. En gros, «to be in dire straits», c'est être au pied du mur. Aux abois. Dans la dèche.

Lorsqu'il se retrouva sur le toit du monde, Mark Knopfler n'a pas hésité à arrêter la machine pour redevenir un simple humain, tant les enjeux étaient devenus surdimensionnés.

Et ça, assurément, c'est rock.

Prenez soin de vous et de vos proches, c'est p'tet pas rock'n'roll, mais c'est vital.


 
 
 

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