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The Lovin'Spoonful: Summer in the City (1966)

  • Photo du rédacteur: Tonton Touane
    Tonton Touane
  • 16 janv. 2024
  • 4 min de lecture




C'est encore dans une compilation achetée par correspondance sur le fameux Club Dial (faudra décidément que je désabonne mon paternel, il doit avoir dépensé pas loin de quatorze millions de francs nouveaux à ce jour) que je découvris plusieurs standards de la musique folk, rock, proto-punk et soul des années couvrant la guerre du Vietnam, sous le titre «Radio Saïgon» édité au début des années 90.


Au milieu des poids lourds de leur époque que sont Santana, The Jimi Hendrix Experience, Chicago, MC5, Ten Years After (je ferai un papier sur ce groupe de fous furieux un jour, juré!), je fis la rencontre, en zieutant le livret, d'un groupe à l'air pas top top sérieux, The Lovin' Spoonful. Et dans les oreilles, un truc que je connaissais vaguement, puisque déjà entendu, mais passé à la moulinette du plus grand moine copiste rock’n’roll ayant jamais existé : Joe Cocker. Je me dis tout de go (car je maîtrisais déjà alors les expressions désuètes) : « C'est quoi cette version plate, sans groove et accélérée du maître de la soul blanche ? »

Ben en fait, j'avais mis le doigt sur LE truc important. J.C faisait TOUT groover de la tête jusqu'aux pieds. Il aurait pu faire chalouper une notice de crème à l'Ibuprofène ou un discours d'intronisation à l'Académie Française...


Alors à cette époque d'apprentissage quasi-religieux, je pris l'habitude d'attendre le titre suivant sur le CD lorsque j'écoutais cette capsule temporelle qu'était Radio Saïgon. Et je le dis tout haut aujourd'hui (mais pas trop fort, les enfants dorment), je suis passé à côté d'un truc énorme, essentiel à mon éducation sociale, politique et musicale. 

J'aurais pu directement m'abreuver à cette source au lieu d'écrire des platitudes, au début de mes intentions artistiques. J'veux dire : Summer in the City est littéralement un texte que j'aurais pu écrire... à mon humble manière, hein, mais dont les propos ne différeraient pas, puisque j'ai passé quinze ou vingt ans de ma vie à décrire la vie citadine lorsque le soleil décline à l'horizon et que la faune change progressivement dans les rues et les squares. Il ne s'agit que de ça, bordel de moi!







D'ailleurs, rien ne vaut la preuve par le texte. Celui-ci est à l'épreuve de tout, y compris de balles, du temps, et des infections urinaires.

   

Hot town, summer in the city

Back of my neck gettin' dirt' and gritty

Been down, isn't it a pity?

Doesn't seem to be a shadow in the city

All around, people looking half-dead

Walkin' on the sidewalk, hotter than a match head

But at night it's a different world

Go out and find a girl

Come on, come on and dance all night

Despite the heat it'll be alright

And babe, don't you know it's a pity

The days can't be like the nights

In the summer, in the city In the summer, in the city

Cool town, evenin' in the city

Dress so fine and lookin' so pretty

Cool cat lookin' for a kitty

Gonna look in every corner of the city

'Til I'm wheezin' like a bus stop

Runnin' up the stairs, gonna meet you on the rooftop

But at night, it's a different world

Go out and find a girl

Come on, come on and dance all night

Despite the heat, it'll be alright

And babe, don't you know it's a pity

The days can't be like the nights

In the summer, in the city In the summer, in the city


Sans traduire ni paraphraser le texte dans son intégralité, L'auteur John Sebastian (oui, baby...comme Bach) met en opposition la chaleur d'une journée d'été en ville, sa sueur, sa saleté, sa pollution visuelle et sonore, et une certaine fraîcheur nocturne, propice à la détente et à la fête. Et à la transmission de la chaude-pisse, aussi, un peu.

Cette description de la « population qui déambule à moitié morte sur un trottoir chaud comme une allumette » me rend admiratif. Cette espèce de zombification qui s'opère le jour s'achève avec la fuite du Soleil.

C'est citadin et poétique.


À peu près 35 ans séparent cette chanson de mes déambulations nocturnes bordelaises, et une phrase résume ce mode de vie d'aventurier de l'asphalte :

« Mes nuits sont plus belles que vos jours. »


Ce slogan, je me répétais tel un mantra lorsqu'on me demandait pourquoi j'étais tout le temps fatigué au boulot, en repas de famille, et je l'ai gardé en mémoire jusqu'à aujourd'hui. Et il n'est pas rare de croiser, de temps en temps, une bande de noctambules en fin de parcours lorsque j'emmène mes enfants chercher les croissants du samedi matin. Le regard que je leur porte est chargé de bienveillance et de tendres souvenirs, car j'étais des leurs il y a encore quelques lunes.

Ne jamais juger ni condamner une jeunesse qui s'amuse, c'est la clef de la compréhension entre les générations On suit le même chemin, on creuse le même sillon... Whooo bordel, je vieillis, moi.


D'autre part, le morceau est agrémenté d'un pont un brin cavalier...pas de solo, pas de modulation, que non point, tas de petits chenapans prévisibles ! Un enregistrement de bruits d'embouteillages, de marteau-piqueurs et autres sonorités urbaines, qui sont au final l'illustration parfaite d'un New-York des années 60. Ce petit bout d'histoire a son importance, car le morceau sort en 1966, je le rappelle, et on est à quelques mois de la sortie de Revolver, contenant le titre Yellow Submarine des Beatles. Les quatre garnements à frange et leur génial producteur utiliseront un procédé similaire, en y rajoutant une fanfare improvisée (Ils réitéreront la technique sur Sgt Pepper) Et trente années plus tard, c'est Steve Reich qui nous pond City Life, poussant ainsi les potards à fond en mixant et transformant les bruits de « Big Apple » en instruments, menant au firmament de la musique minimaliste.






D'un point de vue strictement technique comme celui du thème abordé, avec Summer in the City, the Lovin'Spoonful aura inspiré beaucoup d'artistes et aura véhiculé une image de la jeunesse à la créativité jouissive digne de son époque.

D'autres reprendront le flambeau, souvent dans d'autres genres musicaux, mais la base est restée intacte. Cette vie urbaine qui change d'aspect lorsque les néons commencent à éclairer les rues. Les victimes du jour se retrouvent alors rois et reines de la nuit.


Meilleurs vœux à tous.



 
 
 

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