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GERSHON KINGSLEY: Popcorn (1968)

  • Photo du rédacteur: Tonton Touane
    Tonton Touane
  • 12 févr. 2020
  • 3 min de lecture

(une goutte d'éternité dans un océan de jetable)



Pourquoi? Pourquoi? Mais bordel pourkeeeeuuuuah cette mélodie me hante la caboche depuis des semaines? Je ne saurais l'expliquer. Alors comme je l'ai appris dans Kaameloot, la meilleure façon de se débarrasser d'un air, c'est de la chanter jusqu'au bout, voilà. Au passage, le risque de contamination dépasse de loin celui du coronavirus qui fait tant de mal, sauf aux journalistes et aux médecins généralistes, of course...

La pop culture existe depuis une bonne soixantaine d'années maintenant, et les effets à long terme sont dévastateurs. Des générations entières se sont consacrées à ce culte, passant du statut de nerd boutonneux bizarre et sans charisme à celui de superstar adulée pour ses délires en 8 bits. Il y a une Genèse à ce phénomène. Le contre-coup de la modernisation des villes et de la société post-nucléaire a créé une espèce de monstre qui se complaît dans l'univers bétonné, mais en même temps qui critique la pensée de masse et le côté sur-consommation. Les comic books sont un échappatoire, remplis de super héros capés et gominés qui n'hésitent pas à donner des leçons de morale aux jeunes lecteurs, les films parlent d'un ailleurs sauvage sans surpopulation ni enjeu international, de grandes étendues désertiques ou de planètes vierges. La musique dite savante, quant à elle, croise le fer avec la pop, qui va gagner la partie en inondant la population d'airs faciles et prouver ainsi que l'art n'est pas élitiste. Mais dans tout ce bazar, quelques créatures vont faire le pont entre les mondes et Popcorn a traversé les modes et les âges.



Le responsable du titre incriminé nous a quitté le 10 décembre dernier, à l'âge vénérable de 97 ans. Gershon Kingsley est né Götz Gustav Ksinski le 28 octobre 1922 dans une Allemagne revancharde en proie à la crise, rapidement convaincue de la culpabilité de tout ce qui n'est pas pur. Le jeune homme a donc bien profité de sa jeunesse pour voyager, fuyant en Palestine, puis en Israël avant de rejoindre ses parents à New York en 1946. Comme il est pianiste autodidacte, et donc sans diplôme officiel, Kingsley va travailler dur pour obtenir le sésame qui le conduira au Conservatoire de Californie. Féru de musique classique, il va pourtant travailler avec Leonard Bernstein (l'un des plus grands noms du cinéma et du théâtre ) à Broadway et collaborer avec plusieurs compositeurs d'avant-garde. En parallèle des œuvres créées pour les comédies musicales, un premier disque signé chez Vanguard avec le français Jean-Jacques Perrey sort en 1966, dont le premier titre Unidentified Flying Object sert de préliminaire à ce que sera la musique électronique. L'échantillonnage et l'utilisation de nouveaux instruments sonnent le début de la musique technologique, si chère à Kraftwerk et Jean-Michel Jarre, voire Crazy Frog, dans une moindre mesure.



En 67, Kingsley rencontre Robert Moog qui lui présente l'instrument qui porte son nom et les deux musiciens s'empressent d'enregistrer des versions modernes de musiques de films, avant de se lancer en solo sur l'album Music to moog by en 69, contenant à nouveau plusieurs reprises de standards de la pop et de la variété, et au milieu, un version mini de Popcorn. Ce titre est un truc hyper simple, mais en l'associant à l'air du temps et à la volonté de le faire jouer par le First Moog Quartet, puis par Hot Butter fondé par l'un des membres du quartet, justement, bah la mayonnaise prend et tout le monde s'arrache le morceau pour en rajouter une ligne. L'histoire s'écrit à plusieurs mains, on dirait. La version la plus répandue est celle de Hot Butter, mais il faut savoir que plus de 500 versions ont été produites! Même Muse s'est fendu d'un Popcorn à leur sauce lors de leur passage chez Nagui en 2009. Yvette Horner aussi, paiera son tribut à l'électro, avec une proposition haute en couleurs!



Pour ma part, j'aime la version d' Anarchic System, un groupe de Lille qui reprend Carmen de Bizet et donc Popcorn, avec des paroles, sur un album en 72, au beau milieu de titres rock et prog. Pour l'anecdote, le groupe est composé de membres d'autres formations connues de l'époque. Un super-groupe qui n'a pas eu l'impact des Yardbirds ou A Perfect Circle... autre lieu, autres milieux, aucun lien, fils unique.



La version la plus rigolote (et peut-être ma préférée) est celle de Messer Chups, trio expérimental russe fondé au début des années 2000. Il est question de rendre à la fois un hommage à la surf music années 60 et à ce monument de l'électronique, preuve que les guitares et le proto-synthétiseur peuvent cohabiter, comme dirait le crapaud en rut. Enjoy!



Mais je vous laisse savourer une ultime fois la magnifique mélodie, de la main du maître Gershon Kingsley, filmée en 2007.



Comme quoi, une belle chanson, une fois qu'on la déshabille, elle reste belle.

 
 
 

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