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MOTÖRHEAD - 1916 (1991)

  • Photo du rédacteur: Tonton Touane
    Tonton Touane
  • 5 mai 2021
  • 5 min de lecture

(ou comment j'ai rencontré Dieu)


Comme le disait un ancien footballeur/cycliste de l'OM, j'irai droit au but :

Motörhead est et restera à tout jamais le groupe le plus rock'n'roll de toute la galaxie et de sa proche banlieue.

Il m'est complètement impossible d'imaginer où et comment je serais aujourd'hui si Lemmy n'avait pas formé ce groupe responsable de la mort de milliers de tympans au milieu des années 70.

Aucun souvenir ne me revient lorsque je réfléchis à ma première rencontre avec le trio/quatuor anglais. Non, je suis incapable de dire quand et dans quelles circonstances on a mis dans mes étagères à mégots cette substance toxique, mélange de pisse de rat et d'amphétamines, saupoudré de poudre à canon. En tout cas, ce dont je me souviens, c'est cette sensation de liberté violente et brute lorsque mes sens reconnaissent ce son particulièrement unique dans un périmètre assez improbable. Ah ça! Pour cela, je n'ai pas besoin d'aller faire un tour chez l'ORL, mes proches me suspectent une quelconque surdité précoce, je réponds que j'ai une attention à géométrie variable.


Alors pourquoi 1916, me demanderez-vous? Ou pas, vu que vous n'êtes que cinq ou six à me lire (je le sais, je contrôle les statistiques de mon blog de merde)

Bah tout simplement parce que celui-là, je l'ai usé jusqu'au dernier sillon dans ma voiture entre Agen et Bordeaux durant une dizaine d'années; entre les répètes, les concerts et les afters dans les endroits les plus sauvages des Landes, où le pastis et les pilules se consomment à l'heure du petit-déj’... en ce temps-là, l'insouciance, le danger qui guette au bord des routes, l’ascenseur sensoriel et émotionnel, je partageais tout ça avec Lemmy Kilmister (basse et feulements en tous genres), Phil Campbell (le gratteux qui restera jusqu'à la fin), Würzel (le gratteux qui se fera virer en 95) et bien sûr Philthy Animal Taylor (le plus secoué de la bande, évidemment, le batteur).




Dès l'intro de The one to sing the blues, on se dit qu'on va passer un moment pas banal.

Je me souviens avoir longtemps guetté les breaks de Phil Taylor avec anxiété, tellement ce mec en foutait partout. Exactement comme sur I'm so bad (baby I don't care). C'est pas carré, ça boîte, y a des coups qui sortent de nulle part mais bizarrement, ça fonctionne. Et ça bastonne! C'est la marque de fabrique du zinzin qui a donné à la double grosse caisse sa furieuse raison d'être. Pas le premier, puisque la pratique de double kick date des années 50, avec Louie Bellson (promu par Duke Ellington), avant Ginger Baker de Cream ou Keith Moon des Who...




Les morceaux défilent le long de l'album sans que le bombardier ne se pose, à deux exceptions près (mais j'y reviendrai), les deux guitaristes, Campbell et Würzel, jouent au chat et au Speedy Gonzalez, tandis que le vrombissement de la Rickenbacker nous invite à purger toute la soupe qu'on a accumulée au fil des années. Une telle cure de whisky au gravier soignera n'importe quel danseur de mambo brésilien du Chikungunya.

Un sage m'a dit un jour que le Hard-Rock (le Métal, le Punk-rock, le Thrash... insérez toute la nomenclature ci-après) ça s'écoute à fond et c'est ce qui fait pousser les poils à la puberté. J'ai dû prendre la part de mes voisins, à l'époque...




Et puis, il y a cette voix... Ian Fraser Kilmister a fabriqué sa voix comme on forge une hache aux flammes de l'Enfer. Nonobstant un organe vocal toujours en chantier, il égrène ses cantiques dans un Anglais correct, jamais vulgaire. L'atmosphère a beau sentir le soufre, l'homme est capable de nous raconter une histoire d'amour qui se termine (The one to sing the blues), la guerre vue de l'intérieur (1916), la religion et ses dérives (No voices in the sky)...

Ce mec doit être, à l'instar de Merlin, issu d'un coït entre Belzébuth et une vierge.

Une vierge avec un poireau.


Love me forever a une saveur particulière, puisqu'il il reflète le désir d'être libre et de laisser son partenaire venir et partir. Lemmy a « conquis » des brouettes de femmes dans sa vie, mais il ne leur a jamais promis ni exigé quoi que ce soit en retour. Il fut un gentleman à sa façon. « Love me or leave me, tell me no lies ». Ce morceau, je l'écoutais seul, ou à deux, à la maison. C'était ma maison. Dressage de cheveux pour tonton à chaque occurrence.



La folie des tournées, rythmées par les coups de tampons sur les passeports, les hôtesses sexy, l'alcool gratuit en première classe. Avec Going to Brazil, Motörhead nous emmène dans leurs bagages et ça a l'air bien sympa, tout de même.


Au moment où le groupe enregistre le disque (été 90), Lemmy vient juste d'emménager à Los Angeles, à vingt-deux mètres du Rainbow bar&grill, qui deviendra son véritable lieu de vie quand il ne sera pas en tournée. Angel city est un premier hommage pour sa nouvelle ville. Malgré de nouvelles manières de s'amuser, le bonhomme va s'ancrer dans une routine qui le rassure, entre douze Jack&coke et deux photos avec les fans, il joue à un jeu vidéo. Celui-ci lui sera même monté dans son appartement lorsqu'il ne pourra plus se déplacer, juste avant sa mort en décembre 2015.


Évidemment, le titre R.A.M.O.N.E.S est une franche accolade aux seigneurs new-yorkais tout de noir vêtus. « Un honneur ultime », commentera Joey Ramone, version dark d'Averell Dalton, qui n'hésitera pas à comparer Lemmy à John Lennon.


Je ne vais pas énumérer tous les titres et leur attribuer une note, vu que cet album réside quelque part en moi entre mes antiques virées en mobylette et l'arrivée de mon premier enfant. Il est intégré dans mon corps. Je le sens circuler.

Cependant, le titre de l'album 1916 est aussi celui de la dernière chanson (oui, j'ai écrit chanson en parlant de Motörhead, couillon!) et c'est la claque venue d'un autre monde.


Quand un grand barbu pas commode te crie dessus pendant près d'une heure et soudain te chuchote les peurs et les questions d'un soldat Anglais qui meurt sur le sol Français, tu as les genoux qui tricotent. C'est normal. Ça a plus d'impact.

La bataille de la Somme, en gros, ce sont dix-neuf mille deux-cent quarante morts dans les rangs britanniques, soit une génération entière de garçons originaires de plusieurs patelins qui a été rayée de la surface de la Terre en quelques heures. Ce mec a rendu humain l'un des épisodes les plus inhumains de l'ère moderne. Et juste avec un orgue, un violoncelle, et Phil Taylor qui joue de son art, martial. Va voir les paroles, elles sont un poil plus dignes que le speech de commémoration de la sous-préfète.


Sur ce, je vous laisse. Je vais monter le son.




 
 
 

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